Voilà voilà ! Excusez-moi pour ce jour de retard, j'ai eu quelques trucs à faire qui m'ont empêché de poster le chapitre hier ! En route pour le chapitre 10 !
- La vache ! Chez toi, c’est les carottes qui bouffent les lapins !
- Tu peux répéter ce que tu viens de dire ?
Cette conversation entre Phillip et Warren était pour le moins étrange : nous venions de faire un saut express chez le musicien qui devait récupérer des affaires et le Passeur en avait profité pour investir son bureau.
- Si tu préfères, c’est une manière agréable et courtoise pour dire que tu gères un joyeux bordel ! Non mais je déconne pas, t’as vu le merdier que c’était, rajouta-t’elle en s’adressant à Light.
- Je sens qu’on va passer un sacré moment avec elle dans les parages, gémit Ryan désespéré.
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- J’espère que vous êtes tous prêts ?
Cette demande émanant de la part du militaire servait plus à le rassurer qu’autre chose puisqu’il savait que nous étions préparés à faire face à des ennemis bien différents de ceux que nous avions affrontés par le passé. Nous ne nous étions retrouvés confrontés qu’à des humains normaux, sans capacités spéciales que pouvaient leur octroyer les Couleurs.
Grâce à Light, nous avions pu retrouver la localisation de Nicholas et ses troupes : un bâtiment dans un parc d’attraction à l’abandon… Mais pourquoi c’est aussi cliché à la fin ! Bref, nous avions repéré des soldats normaux mais aucune trace des mercenaires qui pouvaient potentiellement détenir des pouvoirs. Nous nous regardâmes dans les yeux les uns les autres avant de partir chacun de notre côté ; nous avions décidé d’un commun accord de nous séparer le temps de retrouver tous les lieutenants histoire de les arrêter et leur faire payer ce qu’ils avaient fait aux soldats de Ryan, soldats que nous n’avions pas fait l’erreur d’emmener cette fois ci.
Je me baladai à l’instinct dans le parc abandonné, allant là où mes pas me menaient, passant devant le palais des glaces, la grande roue toute rouillée, les montagnes russes usées… Tout cela me rendait particulièrement triste, l’état de délabrement du parc autrefois dédié aux enfants et à leur amusement.
Je me dirigeais vers la section aquatique quand j’entendis du bruit derrière moi. Je me retournai pour ne finalement rien percevoir. Reprenant ma route, je sentis de nouveau comme un son étrange dans mon dos, une sorte de glissement ou de chuintement, difficile à décrire tant il m’était inconnu. Quand je regardai une nouvelle fois, je ne pus esquiver le coup porté par un poing dur comme de la pierre tandis qu’un ricanement rocailleux pareil à un éboulement retentit.
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Quelle misère ce parc, pensai-je dans ma tête. Quand Nicholas sera foutu, je rachèterai les terrains pour construire autre chose à la place. Trop éloigné de la ville pour un quelconque complexe hôtelier, de même pour un centre commercial… Un golf peut-être ? Non, y en avait un plus loin sur la route. Quoi donc alors ? Tiens pourquoi pas le retaper un peu : pas beaucoup de dépenses, on change le thème, on le renomme, on revoit la sécurité et ça ira bien ! Profit max pour quasi rien !
Oui, d’accord, les autres ont raison de me reprocher mon mercantilisme et ma tendance à penser que tout peut s’acheter mais j’y peux quoi si c’est vrai ! Bon, où pourrais-je aller pour trouver la cachette de Nicholas ? Tiens, essayons le palais des glaces, ça peut être là.
Je rentrais dans le labyrinthe aux miroirs et me mis à le parcourir comme si j’avais de nouveau dix ans : c’est vrai que c’est drôle de faire ça mais on s’y perd très facilement. M’en fous, je suis très bien capable de retrouver mon chemin tout seul et super rapidement en plus. Je me regardais dans le miroir en face de moi, admirant et ne cessant de constater ma beauté surnaturelle puis je remarquais que j’avais un bouton blanc particulièrement disgracieux sur le front. Je visais bien et mis mes doigts en position pour le percer quand je vis un fluide vert nauséabond s’en écouler. Dégoûté, je pris un mouchoir dans ma poche pour l’essuyer quand je vis le liquide s’étendre peu à peu, coulant de plus en plus de mon front percé. Ce liquide continuait à s’étendre de manière répugnante mais je n’arrivais pas à l’essuyer, et plus je frottais plus il s’étalait. De la fumée se mit à s’échapper et je commençais à sentir une douleur monter ; ma peau me démangeait, ce fluide me rongeait de plus en plus et je cherchais à l’enlever quand je vis l’horreur : mes ongles atteignirent une surface blanche et dure, lisse… Ma boîte crânienne.
Je me mis à hurler, regardant ma chair se dissoudre lentement sans que je puisse y faire grand-chose, un cri guttural d’effroi s’échappant de ma gorge à moitié ouverte par l’acide qui s’écoulait toujours de mon bouton. J’étais en train de fondre ; pourtant, la seule pensée qui me vint à l’esprit fut :
- Si je m’en sors, ma carrière de PDG beau gosse richissime est foutu !
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Que de misère dans ce parc, pensai-je en regardant aux alentours. Dire qu’il a été construit pour divertir des gens qui l’ont finalement abandonné là où ils étaient, reprenant leurs simples vies où elles s’étaient arrêtées. C’est bien dommage que ce parc n’est pas survécu mais qu’en faire maintenant : on continue à l’entretenir - enfin, c’est vite dit comme terme – gaspillant sans cesse un peu plus d’argent qui pourrait être dépensé pour des causes tellement plus importantes, la médecine humanitaire par exemple. Je me suis retrouvé confronté à plusieurs cas où l’argent venait à manquer et nous devions tout faire pour que tout le monde soit soigné à moindre frais. Soigner mieux avec moins de moyens : joli programme en perspective.
Doit-on aussi négliger leur santé parce qu’ils ne sont pas aussi riches, aussi puissants que nous ? Pour moi, c’est un non catégorique, tout le monde doit pouvoir rester en bonne santé, manger à sa faim, vivre décemment et dignement avant de partir pour le dernier voyage. Je suis encore hanté par les visages souriants de ceux que j’avais soulagé avant que leur souffle ne s’éteigne définitivement, les pleurs de leurs proches quand je leur apprenais la nouvelle. Le peu de moyens que l’on nous alloue nous oblige à voir ce genre de spectacles sans cesse et je me suis toujours posé cette question en voyant les finances des pays et de l’internationale : pourquoi ne pas créer un peu plus de billets et les reverser aux bonnes causes ou pour renflouer les caisses des états qui sont réellement dans le besoin. Bastian et Phillip étant également du même avis que moi, Ryan nous avait expliqué à tous les trois que cela ruinerait l’économie mondiale et que le monde en serait bouleversé. Oui, le monde en serait changé, peut-être en mieux, plus probablement en mal mais quand on voit que certains pays ont un déficit de plusieurs milliards, il y a de quoi se demander où est passé tout cet argent.
Tout au fil de mes questionnements personnels, je me retrouvai à traverser le parc aquatique qui y était rattaché. Les toboggans sales, les bassins d’eau croupie, tout me faisait déprimer un peu plus, cette couleur sale que je retrouvais trop souvent sur les tenues des militaires à l’origine des conflits où je devais intervenir, ce vert kaki qui n’avait aucun point commun avec le mien…
Je vis alors l’eau s’agiter de petites ondes qui, progressivement, se changèrent en vaguelettes, en remous de plus en plus puissants pour voir finalement émerger un tentacule d’eau verdâtre qui m’attrapa par la taille et m’entraîna dans le bassin d’où il jaillissait. La tête sous l’eau, je ne pouvais ouvrir la bouche, je commençais à manquer d’air…
- J’étouffe !
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Quelle merde cet endroit ! Tout poussiéreux, démoli un peu partout, vieux comme c’est pas permis ; bref, ça devrait être démoli depuis longtemps. Si j’avais du temps, je le ferais bien mais j’en ai pas justement, faut que je retrouve quelqu’un ou même plusieurs personnes et que je leur marave la tronche ! Ils sont où bordel !? … Un labyrinthe ? C’est ça ! Ils se cachent dedans les fiottes, c’est sûr ! Je me vais te les exploser !
Gauche. Gauche. Droite. Gauche. Devant. Droite. Gauche. Droite… Putain, je me suis perdu ! Rah, fait chier ! Rien à foutre, je fais péter l’Indigo, je m’en moque de ce que m’a dit Ryan, je suis paumé alors je l’utilise, un point c’est tout ! Allez, tout droit, rien à battre des murs, je suis indestructible !
Qu’est-ce que c’est que cette merde ? Du sable, ici ? Je rêve ou le mur s’est transformé en sable quand je l’ai touché !? Mouais, c’est peut-être à cause de mon aura… Allez, on continue ! … Merde, pas encore du sable ! Qu’est-ce que ça fout là à la fin !? Ben non tiens, c’est pas mon aura qui fait ça… Mais alors…
Oh putain, des sables mouvants ! C’est quoi ce foutoir !? D’où ça sort, c’était pas là y a à peine trois secondes ! Merde, les murs aussi maintenant ! Non, je dois…
- Fais chier !
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- Bon, je vais par où moi, me demandai-je en me grattant pensivement la barbe. L’endroit est quand même relativement immense donc j’imagine que je vais pas croiser beaucoup de monde, qu’il soit amis ou ennemis. Et puis pourquoi on s’est pas donné rendez-vous à un endroit comme le font tous les gens normaux ! C’est Ryan qui prévoit ça d’habitude et on s’en accommode bien d’ailleurs mais là, rien. Il devait être vachement préoccupé par ce qui risquait de nous arriver donc ça doit être ça. C’est bizarre pourtant, c’est pas le genre de gars à être déstabilisé par une petite bataille ? Ce serait plutôt Phillip, ou même moi, qui serait dans ce cas-là.
Bon, y a pas un plan quelque part dans ce parc, j’ai juste pas envie de me paumer ? Et ben tiens, en voilà un justement. Voyons, où vais-je pouvoir aller ? Tiens, y a un zoo dans ce parc ? Je savais pas mais c’est une bonne surprise au moins, allons-y ; de toute façon, j’ai que ça à faire et j’ai toujours aimé les animaux alors c’est une bonne occasion. En même temps, c’est un peu con comme pensée, ils vont pas avoir laissé des animaux dans le parc alors qu’il est fermé depuis longtemps mais bon, on peut toujours essayer.
Ouais, c’est bien ce que je me disais, y a plus une seule bestiole… Je suis vraiment bête moi des fois ! … Tiens, qu’est-ce que c’est que ça ? Oh, ils en ont oublié ! C’est quoi ce truc… Un potamochère !? Un phacochère plutôt ! Bah, ça doit être de la même famille après tout. Et si j’essayais de le réveiller pour voir ? Non, ce serait trop méchant, il faut bien qu’il se repose le pauvre, il est tout seul désormais. Ah non, rectification, il est pas tout seul ! Que font des éléphants encore dans ce parc ? Des flamants roses !? Mais qu’est-ce que est que ce foutoir !? Pourquoi ils les ont pas pris avec eux ? Et pourquoi ils dorment tous, la plupart devraient être réveillés malgré l’heure ? Et pourquoi j’ai sommeil moi aussi tout à coup… ?
- Doit… pas… dormir…
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Un parc d’attractions ! Je pouvais pas rêver mieux décidément ! Merci Nicholas ! Oui, enfin, je me comprends quoi ! Trop bien, je vais m’amuser comme un petit fou ! Chouette, un carrousel ! Je prends le cheval ! Bon, ce serait mieux s’il fonctionnait… Y a pas un bouton qui pourrait réactiver le courant pour cette attraction au moins ? Si, là ! Allez, en selle ! … Mince, j’avais oublié à quel point c’était lent ce truc… Y a pas une autre attraction plus sympathique par-là ?
Ah ah ! Je le savais ! Un jeu de tir ! Avec des arbalètes en plus, ça va être drôle alors ! Et les ballons à gonfler sont juste en dessous du guichet ! … J’ai l’impression de me faire un peu chier quand même sans les autres… Non mais c’est vrai que c’est drôle quelques minutes mais là, tout seul, je m’ennuie comme c’est pas possible ! On se serait bien amuser en tout cas… C’est ça ! Quand on aura terminé ce qu’il y a à faire ici, je les inviterais à faire une activité ensemble, un laser-game ou un truc du genre ! Franchement, ce serait bien. Bon, en attendant, j’ai toujours rien foutu, faudrait que je fasse attention à pas croiser un mec trop fort vu que je peux pas réellement me défendre. Bon, certes, j’ai ce pistolet mais Ryan sait très bien que je rechigne à utiliser la violence. Mais je veux quand même participer à ce combat sinon je risque de les décevoir. J’entends déjà leurs voix dans ma tête me dire que je suis un minable et que mon pouvoir est inutile… Non, ressaisis toi, ton pouvoir sert à soigner les gens, pas à blesser ; sans toi, ils ne seraient rien !
Mais si, c’est ce qu’ils vont me dire, j’entends leurs voix résonner dans mon crâne…
- Minute… Je serais pas en train de devenir barjo ?
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Trouver quelqu’un. Le mettre hors d’état de nuire si c’est un ennemi. Le saluer et prendre des nouvelles si c’est un allié. Aller tout droit. Surveiller ses arrières. Si possible, découvrir l’entrée de la base de Nery. Prévenir les autres et les attendre. Pénétrer la base ennemie. Assommer les gardes si présence confirmée, les achever si forme de résistance quelconque, à n’utiliser qu’en dernier recours.
Que réserver comme sort pour Nery ? Le jugement final doit être pris avec les autres. Nery est responsable de la mort de nos mentors, même s’il a envoyé Crowd pour cela. Doit-on lui accorder notre pleine confiance par ailleurs ? Malgré la purification exécutée par Gerald, je continue à douter de lui. Tenir l’assassin à l’œil. Menace potentielle de retournement de situation. Nery possède peut-être un moyen de pression sur lui. Faire attention. Prévoir toutes les situations.
Un bruit sifflant. Une explosion juste à mes pieds, je l’évite de justesse. D’autres impacts autour de moi. On dirait que celui qui me vise ne cherche pas à me tuer. Il connaît mes capacités. Je me retrouve poussé dans un parc pour enfants, une piscine de balles en plastiques multicolores. Une grande profondeur mais aucune protection au sol ni sur les murs. Il semblerait que quelqu’un ait creusé le bassin et l’ait rempli à ras bord. Ça a donc été fait après la désaffection du parc. Je touche le sol, les balles m’arrivent jusqu’au cou. Je n’arrive pas à bouger, les sphères marron m’enserrent.
- Alors te voilà, espèce de salaud.
L*******************C
Je me retrouve seul, à me balader dans ce parc d’attraction désaffecté. Le silence m’entoure comme toujours. Je n’ai jamais été quelqu’un de très bavard, je me suis toujours senti exclu quand j’étais avec les autres. Un peu marginal, un peu loup solitaire ; je n’allais pas vers les gens et eux non plus ne venaient pas vers moi. C’est comme si je dégageais une sorte de gaz ou des une odeur qui les repoussaient, les éloignaient de moi. Quand j’ai fini par comprendre, je leur ai clairement annoncé lors de ma présentation que je ne cherchais à me faire ni d’amis ni d’ennemis et qu’il valait mieux pour tout le monde qu’on me laisse tranquille.
Il en allait de même avec ma famille. Ce n’est pas comme si j’étais un rebut, un enfant non souhaité mais j’étais un enfant comme les autres, pas quelqu’un de particulier comme leur fils, leur neveu ou ayant des liens familiaux avec eux. Aux fêtes et aux réunions, j’étais le seul dans mon coin à lire ou à écouter de la musique, on ne faisait pas attention à moi, pas comme si je n’étais pas là mais plutôt comme s’ils savaient qu’ils pouvaient me faire confiance et donc ne pas me surveiller.
Plus tard, je suis rentré dans une usine automobile, une des rares encore qui offraient du travail manuel aux hommes et ne déléguait plus la conception des véhicules à des robots. Je ne m’attendais pas du tout à me faire blesser là-bas mais les conditions étaient vraiment désastreuses : le patron ne voulait pas payer pour des machines trop performantes et l’une d’entre elles m’avait explosé au visage. Certes, je n’étais pas défiguré comme avait pu l’être certains de mes collègues mais j’étais grièvement blessé.
Je ne sais pas pourquoi mais cet homme, Nicholas Nery, qui s’était présenté à moi comme étant un grand scientifique, m’a proposé un marché intéressant : il avait eu vent de ma discrétion naturelle et voulait m’embaucher pour me former à un autre travail. Je ne compris que plus tard que j’allais devenir un assassin.
Je me retrouvais donc dans ce parc d’attraction quelques jours plus tard puis on m’invita à rentrer dans une machine assez étrange ; bizarrement, je n’ai pas tant de souvenirs que ça par rapport à cet évènement, je me rappelle juste que j’étais seul avec Nery qui me poussait vers l’entrée de la chose. Je ne me souvins ensuite que d’une grande explosion multicolore et d’un tourbillon gris autour de moi. Je suis alors sorti avec la Couleur en moi.
C’est hélas mes seuls souvenirs de ce moment, je n’ai rien d’autre… Qu’est-ce que… ? Tiens, il se met à pleuvoir ? Bah, pas grave, j’aime bien la pluie. Par contre, est-ce normal qu’elle soit rouge ? Mais… mais c’est du sang ! Merde ! D’où ça vient ? Il pleut du sang bordel !
Bref, à la semaine prochaine,vendredi ce coup-ci ! ---------------------------------- L'imagination est le propre de l'homme car "nous sommes faits de la même matière que les rêves" (William Shakespeare)
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